Guerre et Paix – Tome III

Fiction & Literature, Classics, Historical
Cover of the book Guerre et Paix – Tome III by Léon Tolstoï, Léon Tolstoï
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Author: Léon Tolstoï ISBN: 1230000228650
Publisher: Léon Tolstoï Publication: March 27, 2014
Imprint: Language: French
Author: Léon Tolstoï
ISBN: 1230000228650
Publisher: Léon Tolstoï
Publication: March 27, 2014
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

 Le 5 septembre eut lieu le combat de Schevardino; le 6, pas un coup de fusil ne fut tiré de part ni d'autre, et le 7 vit la sanglante bataille de Borodino! Pourquoi et comment ces batailles furent-elles livrées? On se le demande avec stupeur, car elles ne pouvaient offrir d'avantages sérieux ni aux Russes ni aux Français. Pour les premiers, c'était évidemment un pas en avant vers la perte de Moscou, catastrophe qu'ils redoutaient par-dessus tout, et, pour les seconds, un pas en avant vers la perte de leur armée, ce qui devait sans nul doute leur causer la même appréhension. Cependant, quoiqu'il fût facile de prévoir ces conséquences, Napoléon offrit la bataille et Koutouzow l'accepta. Si des raisons véritablement sérieuses eussent dirigé les combinaisons stratégiques des deux commandants en chef, ni l'un ni l'autre n'aurait dû dans ce cas s'y décider, car évidemment Napoléon, en courant le risque de perdre le quart de ses soldats à deux mille verstes de la frontière, marchait à sa ruine, et Koutouzow, en s'exposant à la même chance, perdait fatalement Moscou.

Jusqu'à la bataille de Borodino, nos forces se trouvaient, relativement aux forces ennemies, dans la proportion de 5 à 6, et après la bataille, de 1 à 2, soit: de 100 à 120 000 avant, et de 50 à 100 000 après; et cependant l'expérimenté et intelligent Koutouzow accepta le combat, qui coûta à Napoléon, reconnu pour un génie militaire, le quart de son armée! À ceux qui voudraient démontrer qu'en prenant Moscou, comme il avait pris Vienne, il croyait terminer la campagne, on pourrait opposer bien des preuves du contraire. Les historiens contemporains eux-mêmes racontent qu'il cherchait depuis Smolensk l'occasion de s'arrêter, car si d'un côté il se rendait parfaitement compte du danger de l'extension de sa ligne d'opération, de l'autre il prévoyait que l'occupation de Moscou ne serait pas pour lui une issue favorable. Il en pouvait juger par l'état où on lui abandonnait les villes, et par l'absence de toute réponse à ses tentatives réitérées de renouer les négociations de paix. Ainsi donc, tous deux, l'un en offrant la bataille, l'autre en l'acceptant, agirent d'une façon absurde et sans dessein arrêté. Mais les historiens, en raisonnant après coup sur le fait accompli, en tirèrent des conclusions spécieuses en faveur du génie et de la prévoyance des deux capitaines, qui, de tous les instruments employés par Dieu dans les événements de ce monde, en furent certainement les moteurs les plus aveugles.

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EXTRAIT:

 Le 5 septembre eut lieu le combat de Schevardino; le 6, pas un coup de fusil ne fut tiré de part ni d'autre, et le 7 vit la sanglante bataille de Borodino! Pourquoi et comment ces batailles furent-elles livrées? On se le demande avec stupeur, car elles ne pouvaient offrir d'avantages sérieux ni aux Russes ni aux Français. Pour les premiers, c'était évidemment un pas en avant vers la perte de Moscou, catastrophe qu'ils redoutaient par-dessus tout, et, pour les seconds, un pas en avant vers la perte de leur armée, ce qui devait sans nul doute leur causer la même appréhension. Cependant, quoiqu'il fût facile de prévoir ces conséquences, Napoléon offrit la bataille et Koutouzow l'accepta. Si des raisons véritablement sérieuses eussent dirigé les combinaisons stratégiques des deux commandants en chef, ni l'un ni l'autre n'aurait dû dans ce cas s'y décider, car évidemment Napoléon, en courant le risque de perdre le quart de ses soldats à deux mille verstes de la frontière, marchait à sa ruine, et Koutouzow, en s'exposant à la même chance, perdait fatalement Moscou.

Jusqu'à la bataille de Borodino, nos forces se trouvaient, relativement aux forces ennemies, dans la proportion de 5 à 6, et après la bataille, de 1 à 2, soit: de 100 à 120 000 avant, et de 50 à 100 000 après; et cependant l'expérimenté et intelligent Koutouzow accepta le combat, qui coûta à Napoléon, reconnu pour un génie militaire, le quart de son armée! À ceux qui voudraient démontrer qu'en prenant Moscou, comme il avait pris Vienne, il croyait terminer la campagne, on pourrait opposer bien des preuves du contraire. Les historiens contemporains eux-mêmes racontent qu'il cherchait depuis Smolensk l'occasion de s'arrêter, car si d'un côté il se rendait parfaitement compte du danger de l'extension de sa ligne d'opération, de l'autre il prévoyait que l'occupation de Moscou ne serait pas pour lui une issue favorable. Il en pouvait juger par l'état où on lui abandonnait les villes, et par l'absence de toute réponse à ses tentatives réitérées de renouer les négociations de paix. Ainsi donc, tous deux, l'un en offrant la bataille, l'autre en l'acceptant, agirent d'une façon absurde et sans dessein arrêté. Mais les historiens, en raisonnant après coup sur le fait accompli, en tirèrent des conclusions spécieuses en faveur du génie et de la prévoyance des deux capitaines, qui, de tous les instruments employés par Dieu dans les événements de ce monde, en furent certainement les moteurs les plus aveugles.

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