La Grande Mademoiselle

Fiction & Literature
Cover of the book La Grande Mademoiselle by Arvède Barine, E H
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Author: Arvède Barine ISBN: 1230001232035
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Arvède Barine
ISBN: 1230001232035
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

I. L’ENFANCE


Il existe au château de Versailles un portrait en pied de la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans et nièce de Louis XIII. La princesse est déjà grisonnante ; elle avait quarante-cinq ans. Le peintre l’a représentée en Minerve de ballet mythologique, armée d’un trident et coiffée d’un casque à plumes. Elle a le geste impérieux, la physionomie guerrière, un air de vieille héroïne qui va bien avec les mœurs du temps de sa jeunesse et avec ses exploits d’amazone pendant la Fronde. Il y a de l’harmonie entre cette mine relevée et les aventures de l’illustre fille que l’air du temps, le théâtre de Corneille, et les romans de La Calprenède ou de Scudéry avaient imbue de sentimens trop pompeux. L’artiste avait vu la Grande Mademoiselle telle que nous la voyons nous-mêmes à travers ses Mémoires et ceux de ses contemporains.

La nature l’avait faite pour jouer les déesses en exil, et elle eut la bonne fortune de trouver l’emploi de facultés qui sont plutôt un embarras dans la vie ordinaire. Mademoiselle n’avait eu qu’à se laisser porter par les événemens pour devenir la Minerve de Versailles, très sérieuse sous ses oripeaux, naïvement fière de sa divinité d’emprunt, et elle demeura dans son rôle jusqu’à la mort, sans daigner s’apercevoir qu’il était démodé, qu’on en souriait, et qu’elle-même lui avait donné un démenti dans une occasion célèbre : son roman avec Lauzun avait été bien bourgeois pour une Olympienne. Elle n’en conserva pas moins ses anciennes allures et devint la vivante évocation du passé pour les survivantes du monde où elle avait grandi. Ils retrouvaient chez cette vieille princesse, devenue légèrement ridicule, l’empreinte des idées et des sentimens dont s’était composée l’âme de la France sous Richelieu et Mazarin. Les mêmes influences qui avaient fait de la Grande Mademoiselle une romantique avant la lettre avaient agi sur la société française tout entière. L’histoire de l’une est l’histoire de l’autre, et c’est ce qui rend digne de beaucoup d’attention une figure qui n’a jamais été au premier rang. Mademoiselle éclaire son milieu...

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I. L’ENFANCE


Il existe au château de Versailles un portrait en pied de la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans et nièce de Louis XIII. La princesse est déjà grisonnante ; elle avait quarante-cinq ans. Le peintre l’a représentée en Minerve de ballet mythologique, armée d’un trident et coiffée d’un casque à plumes. Elle a le geste impérieux, la physionomie guerrière, un air de vieille héroïne qui va bien avec les mœurs du temps de sa jeunesse et avec ses exploits d’amazone pendant la Fronde. Il y a de l’harmonie entre cette mine relevée et les aventures de l’illustre fille que l’air du temps, le théâtre de Corneille, et les romans de La Calprenède ou de Scudéry avaient imbue de sentimens trop pompeux. L’artiste avait vu la Grande Mademoiselle telle que nous la voyons nous-mêmes à travers ses Mémoires et ceux de ses contemporains.

La nature l’avait faite pour jouer les déesses en exil, et elle eut la bonne fortune de trouver l’emploi de facultés qui sont plutôt un embarras dans la vie ordinaire. Mademoiselle n’avait eu qu’à se laisser porter par les événemens pour devenir la Minerve de Versailles, très sérieuse sous ses oripeaux, naïvement fière de sa divinité d’emprunt, et elle demeura dans son rôle jusqu’à la mort, sans daigner s’apercevoir qu’il était démodé, qu’on en souriait, et qu’elle-même lui avait donné un démenti dans une occasion célèbre : son roman avec Lauzun avait été bien bourgeois pour une Olympienne. Elle n’en conserva pas moins ses anciennes allures et devint la vivante évocation du passé pour les survivantes du monde où elle avait grandi. Ils retrouvaient chez cette vieille princesse, devenue légèrement ridicule, l’empreinte des idées et des sentimens dont s’était composée l’âme de la France sous Richelieu et Mazarin. Les mêmes influences qui avaient fait de la Grande Mademoiselle une romantique avant la lettre avaient agi sur la société française tout entière. L’histoire de l’une est l’histoire de l’autre, et c’est ce qui rend digne de beaucoup d’attention une figure qui n’a jamais été au premier rang. Mademoiselle éclaire son milieu...

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